jeudi 16 juillet 2009

READ : REH - WRITING WITH FIRE

J'ai relu ces jours derniers "Cormac Mac Art" de REH, traduit par l'immense François Truchaud...voici un extrait de la seule nouvelle qui ne fait pas apparaître le Gaël...mais qui témoigne de l'extraordinaire puissance évocatrice qui habite l'écriture de "Two Gun Bob"... hold the line Brothers !!!

...L'âme de Pyrrhas avait toujours été inquiète et agitée, hantant ses rêves et le poussant à entreprendre de longues errances. Elle l'avait amené à quitter les montagnes bleues de sa race pour s'en aller vers le sud aux vallées fertiles et aux plaines bordant la mer ou se dressaient les huttes des Mycéens ; puis vers l'île de Crète où, dans une ville primitive de pierre et de bois, un peuple de pêcheurs combattait les navires d'Egypte où des hommes travaillaient durement sous le fouet pour dresser les premières pyramides et où, dans les rangs des mercenaires à la peau blanche - les Shardanas - il avait appris l'art de la guerre. Mais son goût de l'aventure l'avait poussé à retraverser la mer, vers un village de commerçants aux murs de boue séchée, appelé Troie, sur la côte d'Asie, d'où il était parti vers le sud, pour participer au pillage et au carnage de la Palestine dont les premiers habitants furent écrasés par les barbares chananéens venus de l'est (...) Racontée ainsi, la saga de Pyrrhas semble bien pauvre et sans relief ; un poète saurait mieux rendre les échos de sa vie tumultueuse, pleine de bruit et de fureur, de pompe barbare et d'actions sanglantes : les festins, les orgies, les guerres, le choc des navires, l'abordage, le carnage et le pillage, la charge des chars. Il suffit de dire que les rois couvrirent d'honneurs l'Argive et que, dans toute la Mésopotamie, aucun homme n'était plus craint que ce barbare aux cheveux blonds. Son adresse guerrière et sa fureur sanguinaire avait brisé les armées ennemies sur le champ de bataille, délivrant le cou de Nippur du joug d'Erech.
La vie aventureuse de Pyrrahs l'avait conduit d'une hutte de montagne jusqu'à un palais de jade et d'ivoire. Pourtant les rêves confus, presque animaux, qui avaient empli son sommeil lorsqu'il était étendu, encore adolescent sur un tas de peaux de loup dans la hutte de son père à la crinière hirsute n'étaient en rien aussi étranges et monstrueux que ceux qui le hantaient sur la couche de soie dans le palais de Nippur aux tours turquoise...


PS : Merci à Seb de m'avoir prêté son "Cormac" afin que je puisse me délecter du sel de ces lignes fiévreuses.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire