jeudi 16 juillet 2009

WORK IN PROGRESS : INSOMNIE

Il est tard...un petit texte jeté sur mon Mac...

Le vent dévorait la lande. Il prenait naissance au delà de l’horizon, traversait l’immensité océanique alimentant sa colère d’une humeur saline pour enfin achever son voyage en un assaut primordial qui ébranlait les falaises d’albâtre des Highlands. Depuis trois jours et trois nuits les nuages avaient entamé une folle cavalcade dans l’éther, projetant à la lumière des étoiles leurs ombres titanesques sur le sol rocailleux de la terre des hommes. Cette nuit les guerriers priaient les dieux, qu’ils daignent leur accorder vaillance et honneur dans la bataille, afin qu’ils se présentent en braves par devant l’assemblée de leurs ancêtres, quand réclamant la dernière obole, Charon du Styx viendrait à enserrer leur épaule de sa froide étreinte.

Demain appartenait au loup et au corbeau, le sang coulerait vers l’océan en une cataracte écarlate, rouge serait la lande, un jour de carnage et de fureur ou pour survivre l’homme devrait retrouver le chemin immémorial de ses instincts fauves...donner la mort ou l'accueillir en retour.

Acaste Vorenion savait tout cela, la guerre lui avait enseigné combien il convenait de chérir ces mornes veillées d’armes. Il était le Primipile, le Centurion de grade le plus élevé et commandait la première centurie de la première manipule de la première cohorte de la troisième légion de Néron Caesar. Demain il lancerait une nouvelle fois son lourd pilum vers la horde ennemie, promesse d’un odieux banquet pour les charognards dont les sombres nuées occulteraient le soleil. Demain...pour l’instant Acaste Vorenion profitait de la fraîcheur de la nuit, il gouttait les bourrasques puissantes qui soulevaient les pans de cuir brun de sa tente et faisaient teinter les lourds boucliers de cuivre et de frêne qui ornaient son antre. Il était attablé devant une panoplie de cartes dressées par les plus savants cartographes de l’Empire. Son armée se trouvait aux confins nordiques de l’île de Bretagne en lointaine Caledonia, par delà le mur d’Hadrien qui préservait le sud conquit des raids que menaient les clans Picts du nord.

Le Général Gnaeus Julius Agricola commandeur de la troisième légion avait décidé de frapper au coeur. Par une froide journée d’hiver, les légionnaires avaient ainsi pénétré en terre barbare pour débusquer l'ennemi dans sa tanière. Dix cohortes portant la pourpre et l’airain, subdivisées en trente manipules, chaque manipule comprenant à son tour deux centuries, soit quatre mille deux cents hommes aguerris par d’innombrables campagnes... la main bardée de métal de Caesar, dont le nom claquait au vent de la destruction tel un étendard funeste.

En formation de combat le monstre se divisait en trois rangs d’acier. D’abord venaient mille deux cents Hastati, jeunes et ivres de sang qui encaissaient le choc démentiel du premier assaut, puis encore mille deux cents Principes d'âge mûr, au troisième rang les Triarii, plus âgés, au nombre de six cents, survivants de mille batailles, vainqueurs des armées du monde. Entre ces rangs à la consistance minérale, s’intercalaient mille deux cents Vélites légers et mobiles, noirs danseurs d’une ronde mortifère. Enfin venait la cavalerie et ses lourds destriers harnachés de bronze et d’or, soit dix turmes de trois décuries , trois cents cavaliers dont la charge sonnait comme un défi aux dieux les plus anciens et ébranlait la terre en un rugissement formidable.

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